104 ans et 192 jours après …

    Notre grand-père Célestin Jean marie DARIET, poilu de 14-18, est Mort pour la France le 10 octobre 1914.
    Nous pouvons le dire aujourd’hui, nous pouvons l’écrire aujourd’hui 20 avril 2019.
    C’est en effet au cours de cette belle journée ensoleillée de printemps, sous les effluves de l’Atlantique, dans le département de la Vendée cher à notre Célestin que Marie-Jeanne et Paul, cousins germains et petits enfants du poilu, ont découvert, ensemble, le document incontestable du Ministère de la guerre, signé du Lieutenant-Colonel commandant le Dépôt du 93e Régiment d’Infanterie, qui atteste, à sa veuve, l’attribution de la Médaille militaire Croix de Guerre avec étoile de bronze au soldat DARIET Célestin, Mle 3367, tombé glorieusement pour la France le 10 octobre 1914 à Bailleulval (Pas de Calais).

    Ce document sommeillait dans la boîte à chaussures appartenant à notre grand-mère Henriette Marie Augustine née Cartron, épouse du poilu. Une boîte en carton qui a échappé à la perte, à la destruction, à un incendie, aux mites et araignées pendant plus de 100 années.

    Nous recherchions le document, et plus particulièrement l’acte de décès envoyé à la famille, via la mairie ou la gendarmerie, la preuve des date et lieu de disparition de Célestin, depuis l’été 2002.

    Nous avons eu une lettre des instances qui nous disait que Célestin était mort le 29 octobre 1914, à Auchonvillers, dans la Somme. Mais d’autres documents, civils et militaires, tous officiels, donnaient d’autres dates et d’autres lieux !
    Alors, questionnements, échanges de courriers et courriels.
    Mais, quand l’administration très officielle des ministères possède une date et un lieu … on ne change rien. Ecrivez, écrivez, nous sommes la stabilité qui stabilise dans sa forme la plus stable.

    Henriette notre grand-mère ne parlait pas de cette boîte à chaussures. Ce fameux objet est entré dans l’héritage sentimental de ses filles, gardé par sa deuxième fille Célestine, voisine géographique. Et, toujours ce fameux objet, est entré dans l’héritage sentimental et physique de sa petite fille Marie-Jeanne, notre cousine.
    Marie-Jeanne avait fait le tour de ses placards et rien n’existait d’héritage de ce type, nous disait-elle depuis plusieurs années.
    Mais il y a quelques semaines, lors d’une discussion fortuite, nos propos reviennent invariablement vers ce document, l’acte de décès, qui fait défaut d’une manière très regrettable.
    Rentrée chez elle Marie-Jeanne enfile son tablier et ses gants, plonge dans les étagères de ses greniers, remue les cartons de ses caves et … ! … ! … BINGO … un carton à chaussures de notre grand-mère Henriette, là !
    Marie-Jeanne nous contacte illico, prend rendez-vous avec Paul et, ce 20 avril 2019, ensemble, plongent leurs mains dans l’empilement des feuillets jaunis et fragilisés, regardent, scrutent, lisent, classent et … « MEDAILLE MILITAIRE » est écrit sur un document de la République Française … au nom de Célestin DARIET … tombé glorieusement le 10 octobre 1914 à Bailleulval …
    Des écrits qui s’alignent, illuminent leurs prunelles, remuent leurs méninges, bouleversent leurs neurones qui s’entrechoquent. Le lieutenant-colonel a bien écrit que Célestin était mort le 10 octobre 1914 à Bailleulval. Un lieu qui déjà avait excité le marteau sur l’enclume de nos oreilles il y a quelques mois voire quelques années.

    Alors ministres, secrétaires d’Etat, directrices, directeurs, magistrat(e)s … vous maintenez vos positions pour le 29 octobre à Auchonvillers ? … Quels sont vos arguments ? Nous sommes à votre écoute.

    Nous avons écrit depuis des années que le 29 octobre et la disparition de Célestin à Auchonvillers n’étaient pas exacts, que son état de Présumé inhumé dans un ossuaire de la Nécropole nationale d’Albert n’était pas plus exact.
    Nous avons écrit depuis des années que nos analyses faisaient pencher fortement une disparition plutôt le 10 octobre dans le Pas-de-Calais, vers Bailleulval où le 83e Régiment d’Infanterie Territorial, parti de La Roche sur Yon, se trouvait.

    Alors ? … même Marie-Jeanne n’en revient pas. Le carton à chaussures de notre grand-mère Henriette Dariet Cartron méritait bien d’être violenté pour éclairer enfin notre soif de savoir et de vérité.

    Si le proverbe se vérifie encore, ajoutons qu’une grande nouvelle n’arrive jamais seule. Et cette deuxième grande nouvelle nous arrive quatre jours plus tard, mardi 23 avril. Jour comblé pour nos boîtes à lettres qui nous offrent, datée du 15 avril, la réponse du Centre des Archives du Personnel Militaire de Pau (CAPM). Ce dernier, sous la plume du lieutenant-colonel Patrick Lhermitte, nous fait parvenir deux documents :

    1 – l’extrait de l’arrêté portant concessions de la Médaille Militaire à DARIET Célestin, 83e RIT, matricule 3367
    « … Tombé glorieusement pour la France, le 10 octobre 1914, à Bailleulval (Pas-de-Calais). »
    … « Cette concession comporte l’attribution de la Croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze »  (signé Georges CLEMENCEAU)

    2 – Citation, par le Général Dumas, à l’Ordre du Corps d’Armée, du 83e RIT. Citation collective qui comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1914-1918 avec étoile de vermeil.

    Encore un document officiel du Ministère des Armées qui écrit la date et le lieu de décès de notre grand-père.

    Madame la Ministre des Armées, Madame la Ministre de la Justice, nous nous tournons à présent vers vous. Nous savons que vous n’attendrez pas une autre addition de 100 nouvelles années pour dire les vraies choses. Vous serez efficaces comme vous allez être efficaces pour sauver Notre Dame de Paris, agenouillée depuis le 15 avril dernier, comme notre Célestin dont les os sont maltraités depuis 104 ans et 192 jours en Pas-de-Calais et qui, eux aussi, vont renaître maintenant, au moins dans nos esprits et nos âmes.

    Nous savions bien, ce samedi 20 avril 2019, en cette veille de fête de Pâques, que des miracles pouvaient se manifester.

    André et Paul Charpentier