Vos poilus Disparus sont contents ?…

    Le site « Mémoire des hommes » propose une liste d’environ 1.400.000 morts appelés, distingués, « Morts pour la France ».
    Ne nous battons pas pour le chiffre réel de militaires morts au cours de la Grande Guerre tant les sources ne sont pas d’accord entre-elles quand elles prennent en compte, ou pas, tel aspect ou tel autre, les blessés morts après des suites ou pas des suites, ceux qui avaient été oubliés et revenus en « Morts pour la France », ceux qui avaient déserté, ceux qui sont comptés Allemands puis Français et inversement, les prisonniers ou autres morts hors frontières sans nouvelles, etc.
    Le nombre de 1.400.000 nous va bien.

    Intéressons-nous maintenant aux « Morts pour la France » – « Disparus ».
    Là c’est pire !
    Parce que si nous pouvons compter les tombes des militaires identifiés, nous n’imaginons encore compter les « Présumés inhumés », « Disparus entiers », « Explosés », « Décapités », « Écrasés », « Décomposés », « En état d’engrais ».
    La nation n’a pas érigé pour eux de liste papier dans les Nécropoles nationales, d’ailleurs pas de livres, de noms gravés sur une stèle, d’ailleurs pas de stèles. C’était compliqué. La nation a arrêté cette dépense en 1935, selon l’ONACVG (réponse courriel en fin d’article), en 1937 selon le Service historique de la Défense (extrait du Guide du SHD de 2017 en fin d’article).
    On peut se contenter des noms gravés sur les monuments aux morts de nos communes. C’est vrai ! C’est la réalité depuis 100 ans.
    Alors !
    Alors de quoi se plaint-on ?
    Nos « Morts pour la France » – « Disparus » se plaignent-ils ? Eux ?
    Peut-être, peut-être pas. Il y a pour nous des occupations plus importantes, plus graves et plus urgentes !
    Nous, notre poilu Célestin qui flâne et traîne ses neurones dans le losange Arras – Bapaume – Albert – Mondicourt (carte en fin d’article), il aimerait bien que nous lisions son nom dans le Pas-de-Calais ou dans la Somme !
    Il nous l’a dit encore hier soir au téléphone … depuis son 06 … : « Félix, mon beau-frère Félix CARTRON, a son nom gravé, comme moi, sur les monuments aux morts de Saint-Fulgent et de La Copechagnière (Vendée). Et il repose dans sa sépulture à la Nécropole Nationale de Beauvais – Marissel (Oise). Donc la famille peut venir s’y recueillir. Son nom est inscrit dans le registre à l’entrée de la Nécropole. Oui, je suis au courant, vous y êtes allés. Alors continuez votre démarche pour Auguste, mon frère, pour moi, et pour tous les compagnons Disparus ».

    C’est à la fin de la foire, comme disent les maquignons et les éleveurs, que l’on compte les bouses. Nous ne comptabiliserons pas exactement nos morts et nos Disparus à la fin. Parce que nous ne connaîtrons jamais la fin. Et si nous croyons un jour la connaitre nous serons encore remis en cause parce qu’un descendant se souviendra que … Mais ce qui compte pour nous ce n’est pas de trouver le chiffre. Ce qui compte c’est que le père Machin il est disparu, que nous avons réussi à cerner l’endroit où il a trépassé et que nous allions, nous et nos descendants, lui taper sur l’épaule au moins une fois, en lisant son nom sur le site, sur le papier dans le livre de la Nécropole d’où il nous fait un sourire.

    André, Paul