Les Disparus de 1914-1918, c’est introuvable !… ?
Cette affirmation a demi questionneuse a frappé nos tympans un soir, en pleine discussion sur l’utilité de notre site « poilus-disparus-14-18.com », entre amis. En effet, pourquoi chercher des hommes qui se sont cachés … que l’on a cachés … qui se cachent encore, que nous n’avons connus que par bribes de conversations familiales ?
La notion de Disparus n’est pas évidente.
Le plus souvent les descendants de militaires morts dans le conflit 14-18 savent que leur aïeul est « mort à la guerre » et qu’il doit avoir sa tombe dans un des cimetières militaires où les croix blanches sont alignées avec ordre et émotion.
Dans un deuxième temps les familles font le sacrifice d’un déplacement et, se fiant aux informations du lieu de décès, elles se lancent vers lui. Là il y a une tombe avec le nom de l’aïeul. Tout va bien. Le deuil se réalise.
Ou bien il n’y a pas de tombe, pas de croix blanche. Commence le circuit alentour, les questionnements et les déconvenues se succèdent.
Retour à la maison. L’aïeul est « mort à la guerre ». Point. La douleur est secrète, injuste, inégale.
Mais arrivent les années 2000 ! Le ministère idoine invente le site « Mémoire des Hommes ».
C’est reparti pour une recherche qui se présente très facilitée. Nom du grand-père, date de naissance. Il est là.
Vous en parlez un minimum autour de vous et en famille et vous découvrez
un livre de la paroisse relatant l’époque de la mort.
Tiens ! Pas la même date de décès …
Bof !… L’important c’est que l’on sache enfin où il repose, sans doute.
Si vos parents, les propres enfants de cet aïeul « mort à la guerre », n’ont pas trouvé sa tombe, maintenant c’est possible avec ces informations sûres, officielles, faciles à manipuler à la maison devant l’ordinateur. Re départ.
Re voyage au pays de NOS morts, les braves d’entre les braves. Nos parents encore vivants nous regardent partir avec envie.
Entre temps nous avons écrit et une lettre officielle du ministère nous dit où il est « présumé inhumé ». Bingo !
C’est une belle Nécropole Nationale qui nous attend, les tombes propres et alignées, la pelouse rase …
… PAS de GRAND-PÈRE … pas sa tombe, pas son nom, ni sur la stèle des ossuaires ni ailleurs, pas une ligne sur le livre répertoire à l’entrée qui énumère les soldats inhumés ici et le numéro de tombe.
Alors il faut écrire, écrire, téléphoner, se déplacer, rencontrer, croire, espérer, oublier tous les ceusses qui vous font croire, qui vendent leurs livres, qui savent tout … pas longtemps …
Il faut se rendre à l’évidence, notre aïeul est un DISPARU.
Soit !… Il faut qu’il ait son nom au plus près de ses os, avec ses compagnons des Nécropoles.
Nous cherchons nos aïeux Disparus dans la Grande Guerre parce qu’il y a une chance de les retrouver. On en retrouve tous les ans, tous les mois. On en retrouvera longtemps. Officiellement, ou plutôt médiatiquement on n’en parle que lorsqu’ils ont été identifiés, « adéennisés » (du verbe « on est quasiment certains »). Peu importe ! On en trouve et en les identifiant on les retrouve, on les sort des herbes et des magmas terreux.
Notre grand-père, qui est au départ de nos démarches, on le retrouvera peut-être, peut-être pas. Nous ne sommes pas des « jusqu’auboutistes » de la découverte. Mais une chance existe forcément, une petite, très petite, minuscule, infime … elle existe !… En juillet 2019 les Australiens ont inhumé dans la Somme 7 de leurs soldats disparus et retrouvés, identifiés 103 ans après leur mort grâce à des prélèvements ADN sur leurs descendants vivants. Nous en reparlerons.
Notre première démarche a entrainé la deuxième et c’est pourquoi nous avons mis des « s » pour un correct pluriel au nom de baptême du site : « poilu(s)-disparu(s)-14-18.com ». Le reproche pourrait être fait de ne pas avoir appelé le site : « poilu(e)s-disparu(e)s-14-18.com ». Nous avons sans doute fait cet oubli inconsciemment eu égard à la barbe.
ON NE LES RETROUVERA PAS TOUS !
Nous ne sommes pas des forcenés, seulement des passionnés et nous sommes conscients que les poilus Disparus on ne les retrouvera pas tous. Mais ceux qui le seront auront du plaisir et leurs familles rejoindront celles des identifiés.
Forts de cette prise de conscience nous avons proposé en 2004, déjà, de porter à la connaissance des familles qui regardent les noms sur les stèles des Nécropoles nationales et Carrés militaires, sur les listes des livres de ces mêmes cimetières, et qui n’y trouvent pas le nom de leur aïeul, de lire maintenant celui-ci sur une liste de Disparus.
Oui ils sont disparus. Oui nous savons, très souvent, qu’ils ont été tués par-là, à quelques kilomètres près.
Alors, à quelques kilomètres près attribuons-leur un nom dans le livre d’une Nécropole.
Sans doute que le Président de la République, le Ministre, le Général, le Député, le Préfet, le Directeur … qui viendra au moins une fois dans ce lieu pour présider ou accompagner une cérémonie de « Démarche de mémoire », sera rassuré de savoir qu’il n’oublie personne, contrairement à ses prédécesseurs qui n’ont jamais su que des milliers de militaires n’avaient pas leur nom inscrit là, auprès de leurs voisins de combat qui eux ont été identifiés.
Oui, les disparus, il ne nous apparait pas obligatoire de retrouver leurs os et leurs fripes. Il suffit de lire sur une page leurs noms, de sortir des herbes leur âme, au plus près du lieu de leur décès.
Alors, sans retrouver leurs squelettes, retrouvons leur nom, le nom de leur famille, de leurs descendants, leur âme.
Donc OUI, ii faut chercher les militaires que la nation a cachés. Chercher leur trace et jeter des lettres pour écrire leurs noms sur des listes, les listes du web, notre site, sur des listes papier à consulter près d’eux !
Pas des noms sur des monuments, pas de monuments, des noms sur des listes, dans les nécropoles proches.
Enfin !
André et Paul
Dans ce recueil de la Nécropole Nationale d’Albert (Somme),
où était présumé inhumé notre grand-père Célestin, ne figurent
que les noms des morts identifiés (« Morts pour la France »),
mais pas un seul nom des DISPARUS (aussi « Morts pour la France »)
qui ont donné leur vie dans les environs.